Quand tu n’as pas envie de dormir

Hier soir, on était tous les 2 à la maison, je venais de te mettre au dodo, et je sentais que tu n’avais pas envie de dormir. Je t’avais dit que je n’étais pas loin, et je t’entendais parler toute seule d’abord, puis me parler.  Après les traditionnelles sollicitations (tu veux te lever pour faire pipi, tu fais tomber des doudous, etc), j’ai eu le droit à d’autres qui m’ont rire.
Il y a eu « papa, pas fait de calin pour les doudous ». Je t’ai juste fait un « sshht! » pour te montrer qu’il fallait dormir. Puis 2mn après, tu as recommencé en finissant doucement par « sinon je pleure… ». Tu es coquine de jouer la dessus, mais ca m’a fait rire. Je sais que tu fais ca car tu as vu le jour d’avant que l’on est venu te voir car tu pleurais.
Alors je suis venu leur dire bonne nuit aussi, et t’expliquer qu’il ne faut pas utiliser les pleurs pour ces choses là, qu’il faut les garder pour quand on est triste ou que l’on a mal.

Et là, en te quittant, tu m’as dit « un dernier calin papa s’il te plait, et je dors ».  Je t’ai fait un calin, puis je suis parti, et tu t’es endormie.

ton papy jacques

Ton papy Jacques nous a quitté, il y a 2 semaines de ça.  Période assez triste pour tout le monde, et toi, boule d’énergie et de fraicheur au milieu de tout ça.
Cela fait quelques temps que l’on savait que cela pouvait arriver, et je t’avais juste dit qu’il était malade. Et puis quand il est parti, j’ai tenu à te le dire le jour même. Je t’ai dit qu’il était monté au ciel, pour rejoindre mamy. Tu m’as juste demandé pourquoi, et je t’ai dit qu’il était vieux, alors qu’il était parti se reposer. Tu ne m’as pas posé d’autres questions.
Depuis, tu ne m’en avais jamais reparlé. Je ne me sentais pas capable d’aborder le sujet de mon coté. Et puis hier soir, on était tous les 2, et j’ai abordé le sujet, je voulais t’en reparler un petit peu. Tu as tout bien compris. Tu était un peu déçue de ne pas pouvoir le voir. Je t’ai dit qu’on pouvait en parler quand même, qu’il reste avec nous par la pensée.

Je ne sais pas ce dont tu te souviendras de lui quand tu seras plus grande, pas grand chose sûrement. Alors sois certaine que vous vous aimiez forts tous les 2. De son coté, il était toujours content et impatient de te voir. « Elle a illuminé la fin de sa vie » m’a t on dit à ton propos, le jour des funérailles. Et ça, j’en suis certain.
Dès qu’il me téléphonait, il avait un mot gentil pour toi, et pire même, il guettait toujours les bruits de fond pour voir s’il t’entendait. Et toi qui n’était jamais très loin du téléphone, tu criais souvent, alors il t’entendait et je sentais son sourire.
Dès que l’on allait manger chez lui, il te préparait des fraises, et tu mangeais tout. Je sais que c’était important pour lui, que tu te régales. A chaque fois que tu en manges maintenant, je pense à ça.

De ton coté, tu me demandais souvent « papy jacques », c’était un peu les vacances quand on allait chez lui, et je sais que tu étais contente quand tu étais avec lui. Chez lui, en week end à la Baule,  chez ta mamy, j’ai pleins de souvenirs et quelques photos sur cette ‘période’. Alors si jamais un jour tu veux que je t’en parle, je le ferai avec plaisir.

un rêve

Ce matin, je suis venu te réveiller avec le bibi, tu somnolais encore à cause d’une nuit difficile. A ton réveil, la 1ère chose que tu m’as dite a été « je caressais les chevaux papa » en mimant une caresse sur ma tête. alors je t’ai demandé « ou ca? ». Et tu m’as répondu : « dans ma tête ».
J’ai trouvé ca mignon. Tu semblais tout juste sortir de ton rêve. Cela fait quelques temps que je cherchais à savoir si tu rêves la nuit, si tu en as des souvenirs, et c’est la 1ère fois que tu me le racontais.

Un détail

Je me suis rappelé la scène ce soir. On était à l’appartement que l’on partageait à la neige, cet hiver. Tu venais de te réveiller de la sieste. Tu avais dormi dans le lit d’Ismael exceptionnellement. Un ‘vrai’ lit à l’heure où tu dormais encore dans le lit parapluie. Tu étais toute émerveillée de voir des personnages dessinés sur la couverture de ton lit, et tu me montrais ceux que tu connaissais : mickey, pinnochio (« pinopio »), etc. Je te regardais, et je me rendais compte que cette couverture, c’était celle que dans laquelle mes grands parents me faisaient dormir, quand j’étais petit, en vacances avec eux. C’est un détail, mais cela m’a vraiment ému.