« J »

Comme planifié, nous avons pris un taxi ce matin, direction la clinique.
Nous y voilà, fébriles.
8h : quelques examens sont faits à Armelle. Le début du travail est bien là. Même si elle ne ressent aucune contraction. Alors on attend.
9h.
10h. La dilatation fait son travail (ou le contraire).
11h. On bouquine, on parle, on essaye de se rassurer.
midi. Peridurale en place.
13h. 5cm. Toujours pas de contraction.
14h.
15h. 10cm. Les contractions arrivent, violentes. Tout est en place, la sage femme va chercher le medecin.

Il s’est alors passé quelque chose de très fort et assez violent.

Je n’ai pas d’autre imagerie en tête qu’un combat. Un combat à 5 : sage femme, medecin, Armelle, moi, le bébé.
Moi qui pensais pouvoir me concentrer sur le fait de ne pas tomber dans les pommes, de ne pas laisser tomber Armelle, j’ai été bien surpris : le medecin me donne une position, me donne un role à jouer…Armelle commence à pousser, je dois lui presser le ventre pour l’obliger à contracter. Fort. Très fort. Elle pousse et le bébé sort petit à petit de sa caverne. Puis un bout de lui apparait, je le vois. Je n’ose pas regarder complètement, mais je le vois. Elle continue, tout le monde continue, Armelle la première. Elle y arrive, petit à petit. Jusqu’à ce que le corps apparaisse complètement.
Le médecin me demande de prendre ce corps tout cyanosé, visqueux, encore rattaché à Armelle par le cordon. Je le prends. Ce corps, c’est elle.
« Vous avez choisi son prénom? »
« Lili-Rose ».

La sage femme nettoie un peu le bébé, tandis que le médecin rappelle ses troupes : ce n’est pas fini, il faut l’aider à faire sortir le placenta maintenant. Là encore, je dois appuyer, l’aider pendant qu’elle pousse.
Voilà.

15h20 : elle est née.
J’assiste aux soins du bébé. Je le regarde un peu complètement ébahi. Il, enfin Elle, passe du violet au rose, du visqueux au propre. Tout va bien. Je la prends dans mes bras pour la 1ere fois. Maladroitement, mais on se comprend.


J’ai l’impression d’avoir fait ko-lanta aujourd’hui :o) Une journée riche. Des coups de fil à la famille proche. Un texto commun : « La petite Lili-Rose est née cette après midi à 15H20, elle fait 3kg490, mesure 48cm. Sa maman va bien, et son père est papa… ». Des tonnes de marques d’attention. Un portable qui n’arrête plus. Une chambre, un berceau. 1er biberon. 1ere fois que je l’ai habillée (avec beaucoup de difficultés). Je les ai laissées toutes les 2 ce soir, avec un peu de regret. J’ai l’odeur de ce bébé sur ma peau.


Je suis sorti de la clinique. J’ai regardé par terre, et je me suis dis « j’ai grandi ».

le jour d’avant ?

Elle est allée voir le médecin aujourd’hui, visite de contrôle. Et la gentille madame Ménard a été claire : ça y est, ça commence. Ca arrivera demain ou le jour d’après. Le RDV est pris, demain matin à 7H50 à la clinique, pour voir comment ça a évolué cette nuit. Si ça a bougé un minimum, on s’installe là bas.

Armelle m’a dit ça ce midi, alors que j’étais en formation. J’ai eu un moment de flottement indéfinissable. Je vais aller avec elle demain matin. A la place du reste.
Non, mais sinon, je suis censé devoir dormir cette nuit? vraiment?

all we do is stand there

Je me dis qu’évidemment, le temps s’allonge. Qu’évidemment, étant donné le fait que j’ai écrit il y a 5 jours, il y a des chances que cela soit arrivé d’ici à la prochaine fois où j’écrirai. Peut être. Je me dis qu’évidemment, plein de choses me touchent en ce moment, dans ce que je lis, ce qu’on me dit, ce que j’écoute. Je me dis qu’évidemment, il faut que je vous parle de l’attente, du rien, du vide. The space between. C’est tout ce que je vis ces jours ci. Evidemment, plus j’y pense et plus je me dis que cette situation est incroyablement banale. Mais c’est à moi qu’elle arrive aujourd’hui. C’est bizarre tous ces sentiments exacerbés, j’ai l’impression d’être une femme enceinte.

L’éternité

L’éternité c’est long, surtout vers le fin.
Ben là c’est pareil. Coincé entre les réactions récurrentes des gens autour (« pas encore accouché?? ») et la réalité concrête (=rien), une certaine forme d’impatience se propage peu à peu. En définitive, tout est normal, puisque le terme n’est que le 6/6. (tiens, heureusement que l’on est en 07, une 3eme 6 aurait fait mauvais genre!). Et le 6, ce n’est que dans…13 jours! (tiens, encore un signe??).
Mais apparemment, lorsqu’on a un ventre gros comme celui d’Armelle, les dates de terme ne fonctionnent plus : les gens veulent l’accouchement, là, maintenant, tout de suite. Soit.

Une période bizarre, évidemment. On sait que cela va changer bientôt, que TOUT va changer ou presque pour nous. Et pourtant, rien pour le moment.
Alors je continue à bosser, comme si de rien n’était. Enfin j’essaye.

Ma vie sans moi

Au début de la grossesse, je me souviens avoir parlé avec Karim, et je lui demandais « mais comment ca se passe à la fin? tu te retrouves à avoir tout acheté, tout préparé, la chambre est prête et tout, mais il te manque une seule chose…Le bébé? c’est ca? Tu dois avoir l’air couillon… »

Ben voilà, c’est donc ça.

Halala…

Extrait d’une conversation téléphonique hier soir :

– Alors, c’est pour dans 15 jours??
– Heuu, non. C’est pour dans 1 mois, sauf que le médecin a dit qu’elle aurait surement 1 semaine d’avance. Et que j’ai fait ce calcul il y a 1 semaine.
*reflexion*
Haaaaa…..ouais…..

:o)

le chapitre d’après

Au final, je lis pas mal de bouquins de maternité, petit à petit. Et je lis les bouquins dans l’ordre. Si, si. Quand c’est le mois 2, je lis le chapitre mois 2, et je ne zieute pas le 3. Oui, je suis sage (qui a dit con?).

Et donc là, c’est l’heure, j’ai quitté les chapitres « mois 9 » pour me rendre compte que ce n’était pas la fin des bouquins, bien au contraire, il y a toute une nouvelle partie « accouchement ». Et j’ai lu ça hier soir. J’ai trouvé intéressant et tout. Sauf que.

Sauf que…J’ai pas dormi de la nuit. En fait, je crois que j’ai passé la nuit à vivre tout ce que j’avais lu. Je me reveillais chaque fois avec des mots aussi classes que « périnée » ou « contractions » en tête. Je me reveillais en sursaut, et pour cause, je pense que j’ai participé à + d’accouchements cette nuit que l’hopital où on va accoucher en 1 an.
C’est + fatiguant qu’on ne l’imagine la lecture en fait…